31 Janvier 2011
En ces jours de bouleversements
où l' EGYPTE perd de l' immobilité chantée par le poète,
en HOMMAGE, cette poésie de Théophile GAUTIER ..
L'OBELISQUE de LOUXOR
Je veille, unique sentinelle,
De ce grand palais dévasté,
Dans la solitude éternelle,
En face de l'immensité.
A l'horizon que rien ne borne,
Stérile,muet, infini,
Le désert, sous le soleil morne,
Déroule son linceul jauni.
Au-dessus de la terre nue,
Où jamais ne flotte une nue,
Le ciel, autre désert d'azur,
S'étale implacablement pur.
Le NIL, dont l'eau morte s'étame
D'une pellicule de plomb,
Luit,ridé par l'hippopotame,
Sous un jour mat tombant d'aplomb;
Pas un accident ne dérange
La face de l'éternité;
L'Egypte, en ce monde où tout change,
Trône sur l'immobilité.
Pour compagnons et pour amies
Quand l'ennui me prend par accès,
J'ai les fellahs et les momies
Contemporaines de Rhamsès;
Je regarde un pilier qui penche,
Un vieux colosse sans profil
Et les canges à voile blanche
Montant et descendant le Nil.
Que je voudrais être, comme mon frère,
Dans ce grand Paris transporté,
Auprès de lui, pour me distraire,
Sur une place être planté.
Théophile GAUTIER
Emaux et Camées
A cette plainte, son frère, l'Obelisque de Paris, répondra...
***** ( à suivre..)
Poésie en hommage également à un petit garçon qui, au sortir de la guerre, ne trouva pour toute littérature qu'un recueil d 'Emaux et Camées qui le combla..!