Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

IL A GELE....

Il a même neigé...Il a même neigé...

Il a même neigé...

Premières gelées. Première neige... Pas très propice pour les travaux au jardin! J'ai tout de même avancé un  peu pour dégager l'espace pour le tunnel.
Mais il y a tant de boue après les fortes pluies que c'est décourageant. Le timide soleil de ce jour n'a pas suffi pour essuyer un peu la terre.
 Les jardinières ont gardé les protections jusqu'à cet après-midi. Le soir et jusque tard dans la matinée, une bonne buée recouvre les parois!

 A défaut de photos nouvelles, je vous offre des poèmes qui nous feront oublier peut-être l'ambiance désastreuse de ce temps d'avant-Noël. de l'AVENT....
( J'ai publié  à cet effet un article sur Anne SYLVESTRE sur le Figuier Bleu!)

Poème que vous avez sans doute appris dans une "autre vie"!

 . 

Première gelée

Jean Richepin

Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens.

Ainsi qu’un dur baron précédé de sergents,
Il fait, pour l’annoncer, courir le long des rues
La gelée aux doigts blancs et les bises bourrues.
On entend haleter le souffle des gamins
Qui se sauvent, collant leurs lèvres à leurs mains,
Et tapent fortement du pied la terre sèche.
Le chien, sans rien flairer, file ainsi qu’une flèche.
Les messieurs en chapeau, raides et boutonnés,
Font le dos rond, et dans leur col plongent leur nez.
Les femmes, comme des coureurs dans la carrière,
Ont la gorge en avant, les coudes en arrière,
Les reins cambrés. Leur pas, d’un mouvement coquin,
Fait onduler sur leur croupe leur troussequin.

Oh ! comme c’est joli, la première gelée !
La vitre, par le froid du dehors flagellée,
Étincelle, au dedans, de cristaux délicats,
Et papillotte sous la nacre des micas
Dont le dessin fleurit en volutes d’acanthe.
Les arbres sont vêtus d’une faille craquante.
Le ciel a la pâleur fine des vieux argents.

Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens.

Voici venir l’Hiver dans son manteau de glace.
Place au Roi qui s’avance en grondant, place, place !
Et la bise, à grands coups de fouet sur les mollets,
Fait courir le gamin. Le vent dans les collets
Des messieurs boutonnés fourre des cents d’épingles.
Les chiens au bout du dos semblent traîner des tringles.
Et les femmes, sentant des petits doigts fripons
Grimper sournoisement sous leurs derniers jupons,
Se cognent les genoux pour mieux serrer les cuisses.
Les maisons dans le ciel fument comme des Suisses.
Près des chenets joyeux les messieurs en chapeau
Vont s’asseoir ; la chaleur leur détendra la peau.
Les femmes, relevant leurs jupes à mi-jambe,
Pour garantir leur teint de la bûche qui flambe
Étendront leurs deux mains longues aux doigts rosés,
Qu’un tendre amant fera mollir sous les baisers.
Heureux ceux-là qu’attend la bonne chambre chaude !
Mais le gamin qui court, mais le vieux chien qui rôde,
Mais les gueux, les petits, le tas des indigents…

Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens.

Jean Richepin, La chanson des gueux

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article